Je tourne sur le parvis du Stade et, à chaque tour, le rythme s’accélère.
Les gens se pressent.
Puis ils courent.
La dalle s’est vidée, le Soleil est bas, la température est redevenue agréable, et quelques retardataires se précipitent, billet à la main.
Est-ce qu’ils ont raté le premier but de Kylian ?
L’arrivée de Queen B ?
Les premiers riffs de Metallica ou les hymnes nationaux ?
Quelques heures plus tôt, le temps s’écoulait avec une langueur estivale.
C’était le temps de l’attente, interminable, de la dalle brûlante, hostile.
Pourquoi n’a-t-on pas mis ce maudit parvis à l’ombre ?
L’attente est une affaire climatique et géographique – heureux ceux qui patientent à l’ombre du Stade.
Pour mon premier passage, je couvre un match de foot.
On est venu de toute la France pour voir les Bleus.
Ma première photo est un portrait de Dominik, président du fan club d’Hugo Lloris, habitant en Martinique. Il pose avec des chaussettes à l’effigie de son idole.
Fin mai, je viens sur le parvis un peu avant minuit. Je rencontre les fans d’Harry Styles qui campent avant le concert du lendemain. Et du surlendemain. Certaines sont là depuis une semaine. Un numéro est inscrit sur leur main pour attester de leur ordre d’arrivée et de leur place dans la file d’attente qui se formera au matin.
Début octobre, l’été s’étire. Irlandais et Ecossais fêtent le rugby sur le parvis de la Basilique. On me dit le plaisir de se retrouver ici, à Saint-Denis, dans un centre historique qui rappelle Edimbourg. J’apprécie le décalage. C’est l’après-midi, l’avant-match. On a encore le temps. Puis, tout s’accélèrera.
Cette série a été produite en réponse à une commande de la ville de Saint-Denis sur les publics du Stade de France entre mars et octobre 2023.